Rapport global du BIT sur la discrimination au travail

- Le Bureau International du Travail (BIT) vient de rendre public un rapport qui dresse un tableau de la discrimination au travail dans le monde. Sont pointés les progrès et les échecs dans la lutte contre la discrimination depuis ses formes les plus traditionnelles, sexe, race ou religion, jusqu’à ses nouvelles formes fondées sur l’âge, l’orientation sexuelle, la santé, la séropositivité.

- Ce rapport global, élaboré dans le cadre du suivi de la déclaration de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) de 1988 relative aux principes et droits fondamentaux au travail, sera débattu en juin lors de la 96ème session de la Conférence Internationale du Travail. Rappelons que la déclaration est axée autour de quatre principes fondamentaux : la liberté d’association, l’abolition du travail des enfants, l’élimination du travail forcé et de la discrimination.

- L’un des thèmes majeurs du rapport est la persistance des écarts hommes-femmes au regard de l’emploi et des salaires. A titre d’exemple, le BIT note que, dans l’Union européenne, l’écart entre les gains horaires bruts moyens des hommes et ceux des femmes demeure élevé (15%) dans tous les secteurs.

- Si le taux d’activité des femmes a continué de croître dans le monde, le rapport souligne que les progrès sont inégaux selon les régions : on trouve le taux d’activité des femmes le plus élevé en Amérique du Nord à 71%, taux qui passe à 62% dans l’Union européenne, à 61,2% en Asie de l’Est et Pacifique, et atteint 32% au Moyen-Orient et Afrique du Nord.

- Le rapport pointe aussi la discrimination des personnes ayant un handicap qui concerne 470 millions de personnes en âge de travailler. La probabilité qu’une personne handicapée trouve un emploi est inversement proportionnelle à son niveau de handicap. En Europe, une personne âgée de 16 à 64 ans a 66% de chances de trouver un emploi ; ce taux tombe à 47% pour une personne modérément handicapée et à 25% pour une personne gravement handicapée.

- Pour le BIT, la lutte contre la discrimination se caractérise par un mélange de progrès majeurs et de reculs. La plupart des 180 pays membres de l’OIT ont ratifié les deux conventions fondamentales sur la discrimination. Sur les plans juridique et institutionnel, beaucoup de pays ont enregistré des résultats notables. Plusieurs ont récemment révisé leurs codes du travail pour y inclure des dispositions contre la discrimination et en faveur de l’égalité. Mais l’application de la loi demeure insuffisante, et les organismes créés pour lutter contre la discrimination manquent de ressources et ne cible pas l’économie informelle de plus en plus importante.

- Pour faire reculer la discrimination, le rapport propose d’intégrer la non-discrimination et l’égalité dans les programmes de promotion du travail décent, dans chaque pays, en tenant compte des besoins spécifiques des différents groupes.

- Il recommande aussi d’améliorer les législations et leur application, de favoriser des initiatives d’ordre non réglementaires telles que la passation des marchés publics, les politiques de prêt et d’investissement, et de faire de l’égalité une réalité sur le lieu de travail au moyen d’accords de négociation collective et de codes de conduite.