Hommage à Brigitte Pineau

Brigitte,

Aujourd’hui, tu laisses tes amis, tes camarades, nos adhérents sidérés devant ton absence, ce gouffre intolérable : les multiples et divers témoignages de stupéfaction et de chagrin reçus ne sont qu’un mince reflet du vide abyssal, que laisse ta belle personne, toujours fidèle à ses idéaux de liberté et de fraternité à partager entre tous sans distinction de caste et d’influence.

Attachée profondément aux valeurs humaines et humanistes, tu n’as cessé de te mettre au service des autres et à leur écoute : un important bénévolat à la croix rouge française dans tes jeunes années, en France et en Afrique, en est l’une des preuves marquantes de ta vie trop courte. Tu avais, chevillée au corps, une attitude morale, que tu t’appliquais à toi-même.

Pour moi, à jamais tu restes et resteras ma précieuse amie, mille fois interrogée, dans ma mémoire et mon tracé de Vie. Pour la 1ere fois, tu me fais « faux bond » et tu me fais une peine immense : confrontée à ce manque, ce silence anormal, en fait la logique d’une vie qui passe trop vite et pour moi d’un téléphone devenu muet et de voyages interrompus vers l’Auvergne.

Alors, « dis quand reviendras-tu ? » t’aurait chanté Barbara  

Pourtant, ta personnalité indépendante, ta communication chaleureuse, ta culture libre m’auraient soufflé que « gémir n’est pas de mise », en me rappelant doucement une de mes citations « Meurs et deviens » , pour graver, à jamais, cet espoir dans nos mémoires.

Ta Voix enthousiaste de musicienne et de militante, toujours rieuse mais lucide, mélodieuse parfois grondeuse, est ancrée éternellement dans ma tête, souvent accompagnée de ta guitare : alors aujourd’hui : « Simplement se recueillir, simplement se souvenir, simplement ne pas oublier ».

Comment d’ailleurs effacer de mes souvenirs ces myriades de Toi : tes polos Lacoste colorés, tes 50 ans au restaurant « Le Gabriel », tes aventures picaresques de ton existence, ta boîte à gui li, ton tarot de Beline et le jeu de cartes de tante Jeannine, la boîte Gondolo de ta merveilleuse mère, ta courtoisie tonique à l’égard des autres, nos rêves de partance vers la Réunion et Venise.

Ce sont des échos, des miroirs, des marques de ce qui fut notre galaxie profonde, notre cristal rayonnant, notre symphonie personnelle.
« Un regard vif, une énergie vitale, une générosité immense » : Brigitte, telle est ta fragrance à jamais palpitante, vivante et éternelle pour les nôtres et pour moi.

Car, tu t’es efforcée, à notre égard, d’appliquer la pensée d’Aristophane pour qui « former un homme, ce n’est pas remplir un vase, c’est allumer un feu » : la transmission de tes valeurs morales va continuer de vivre non seulement dans le cœur et sur les lèvres des vivants mais également sur les générations suivantes , qui prendront appui sur ces fondements, ceux que tu as nourris, en les améliorant encore.

Ainsi, dès le lendemain, nous continuerons à bâtir, renforcer et fortifier ce pour quoi tu t’es battue au cours de ton existence, afin que ta mémoire continue à vivre, intense et conforme à tes idéaux de liberté et de fraternité, afin qu’ils ne deviennent pas des « rêves brisés » aux mains de despotes, mais qu’ils s’inscrivent au fronton de l’Histoire du Monde.

Ta Vie est un bel ouvrage ciselé de don, d’amour, de partage, puisque tu savais « qu’aimer, c’est avoir un fil pour toutes les épreuves » (Victor Hugo) : Brigitte, mon amie, tu as reçu ce cadeau précieux pour adoucir les difficultés de l’Autre, l’accompagner et ainsi continuer à marcher dans les vents du monde à nos côtés, présence invisible mais devenue braise incandescente dans nos cœurs.

Puisque tu es passée simplement « sur l’Autre Rive » (Marc), juste de l’autre côté du chemin, je me permets de te murmurer les écrits de St Jean dans son Évangile « Je suis la Lumière du monde, qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres mais dans la Lumière de la Vie »

Au revoir Brigitte, mon âme sœur.