Banlieues : une situation dramatique...

Le Président de la République a rappelé hier, solennellement, la nécessité que règne, à nouveau, l’ordre républicain et a donc indiqué qu’il fallait que cessent les violences.

L’intervention présidentielle, mais surtout la situation dans les banlieues, appelle de notre part plusieurs remarques.

Depuis plusieurs années, l’UNSA, à son niveau, avec ses fédérations et syndicats a alerté les pouvoirs publics sur les risques majeurs d’explosion sociale dans les banlieues. Malheureusement, nous y sommes.

Dans un pays qui compte maintenant près de 4 millions de demandeurs d’emplois (tous statuts confondus), certains d’entre eux sont exclus parmi les exclus.

En effet, dans la périphérie des grandes villes, des milliers de femmes, d’hommes, jeunes et moins jeunes, vivent depuis au moins trente ans dans des situations misérables. Dans ces zones déshéritées, les taux de chômage avoisinent parfois les 30 %. Une discrimination féroce s’exerce de fait contre les plus jeunes en matière d’emploi, de formation, de logement, de loisirs.

Bien sûr, pour l’UNSA, une telle situation ne justifie pas les actes de violence contre les forces de police, ni les incendies de véhicules privés ou de transports publics, ou de bâtiments administratifs. L’ordre bien sûr doit être rétabli, mais ces événements doivent être replacés dans leur contexte social si l’on veut comprendre l’ampleur du malaise et apporter des solutions. C’est sur la misère sociale que se greffent ensuite toutes les dérives qu’il faut combattre : le communautarisme agressif et la délinquance.

A ce sujet, les déclarations du ministre de l’Intérieur, après la mort de deux jeunes à Clichy-sous-Bois, ont contribué à renforcer le sentiment d’injustice et de sous-citoyenneté pour les jeunes des banlieues. On ne peut penser rétablir durablement l’ordre républicain et la sécurité pour chaque citoyen que si des mesures sociales accompagnent les mesures répressives appropriées.

Il faut saluer ici les déclarations de notre Fédération UNSA Police qui a su, dans un contexte très difficile, bien situer le problème et a surtout rappelé à Monsieur de Villepin la grave erreur de Monsieur Raffarin d’avoir supprimé la police de proximité.

L’UNSA Police, à juste titre, souhaite que l’on rétablisse la police de proximité et que l’on cesse les seules interventions coups de poings qui exposent les policiers et attisent les tensions.

L’UNSA Éducation rappelle aussi qu’elle a alerté les gouvernements successifs sur la nécessité de faire évoluer les ZEP (Zone d’éducation prioritaire).

Le syndicat des Enseignants UNSA souhaite, depuis plusieurs années, que tous les acteurs de la politique de la ville travaillent ensemble afin de sortir de l’engrenage des cités deshéritées qui fabriquent des établissements scolaires « ghettos ».

Les enseignants de l’UNSA, confrontés à ces problèmes au quotidien, demandent que la carte scolaire existante soit modifiée de manière à retrouver la mixité sociale. Dans l’immédiat, le syndicat des Enseignants exige des moyens supplémentaires pour se concentrer sur des zones particulièrement difficiles.

La réponse gouvernementale s’est résumée à supprimer des postes d’enseignants et à faire disparaître les emplois jeunes, dont certains d’entre eux étaient occupés par des jeunes de cités.

L’UNSA a rappelé, au moment des manifestations de début septembre concernant le logement (suite aux incendies dans des immeubles parisiens particulièrement vétustes), que la loi SRU n’était pas appliquée et qu’à l’opposé, certaines communes s’émancipaient de cette loi (qui oblige à construire des logements sociaux) moyennant finances pour ne pas héberger sur leur territoire des « populations à risques ».

Enfin, le syndicat UNSA de la Protection judiciaire de la jeunesse, dont la profession est en première ligne pour aider les jeunes en difficulté, souligne que, par souci d’économie, le gouvernement ferme des foyers éducatifs qui ont pour mission de réinsérer les jeunes en situation d’échec social et scolaire.

L’UNSA, dans une situation aussi dramatique, ne donne de leçon à personne mais tente, avec ses moyens, ses réflexions, ses structures militantes, de participer à l’action syndicale au centre de ses valeurs (la solidarité et les droits sociaux fondamentaux pour tous).

C’est pourquoi, elle va poursuivre son action au niveau interprofessionnel contre les discriminations comme elle l’a rappelé dans son congrès de Nantes.

Cette action se mène dans le secteur public et le secteur privé.

Dans le secteur privé, l’UNSA a été partie prenante dès le début de la « charte de la diversité dans l’entreprise » qui engageait près d’une quarantaine d’entreprises pour embaucher des jeunes particulièrement issus des zones en difficulté. Dans toutes ces entreprises où l’UNSA est implantée, nous nous sommes engagés dans cette action.

L’UNSA vient d’éditer une nouvelle brochure « Mode d’emploi pour lutter contre les discriminations ».

Celle-ci, diffusée à des milliers d’exemplaires dans toute la France, est un guide pratique pour tous nos syndicats.

L’objectif : faire condamner tout acte de discrimination devant les tribunaux, faire reculer ce racisme rampant.

C’est toujours dans cet objectif que l’UNSA, avec la fédération Léo Lagrange, anime un projet européen « Equal » de lutte contre les discriminations.

Ce projet se décline dans plusieurs régions et met en relation des jeunes des cités avec des entreprises et des centres de formation.

L’UNSA fera le point de toutes ces actions au cours d’une réunion nationale avec ses partenaires et des associations. Cette réunion se déroulera au siège de l’UNSA le 13 décembre prochain.

L’UNSA fera part de toutes ses demandes, de ses propositions au Premier ministre, Monsieur de Villepin ayant souhaité mettre à l’ordre du jour de ses rencontres avec les partenaires sociaux la question des discriminations.